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- Le 29 septembre 2021
#Portrait - Chloé Dasse (GE 13 ing-man) - Art & Entreprise
J’ai toujours été passionnée par la culture, l’histoire et l’art
Un océan...
c’est ainsi que Chloé Dasse (GE 13) définit l’art. Infini, surprenant, insaisissable… tout comme son parcours si riche d'audace, de nouvelles expériences. Ingénieure-manager, Chloé sort régulièrement des cases, que ce soit par le voyage, les milieux qu’elle fréquente, ses activités, pour ensuite intégrer ces nouveautés, ces points de vue différents, pour une vision sans cesse renouvelée. Structurée et organisée comme une ingénieure, décalée comme une commerciale !
En 2020, elle fonde, avec son amie Ayoko, MUSY, une société qui accompagne, conseille les entreprises et les particuliers dans l’acquisition d’œuvres d’art, originales ou personnalisées : investissements, défiscalisation, décoration, recherche d’œuvres particulières ou encore évènementiel. Tout comme l’océan est influencé par les vents et marées, les projets de Chloé sont animés par sa passion et les rencontres.
1) Comment passe-t-on d’un double diplôme d’informatique & génie civil à la création d’une société d’art ?
J’ai toujours été passionnée par la culture, l’histoire et l’art. Pendant des années, j’ai écumé les musées d’Europe et me suis entourée d’artistes ou passionnés de culture. Quelques années après l’obtention du double diplôme ingénieure-manager, j’ai créé ma société d’architecture d’intérieur. Je travaillais à la décoration des bâtiments ou à la rénovation de monuments historiques, entre la France et l’Espagne. Nos activités regroupaient le travail des moulures, la peinture de décorations ou de trompe-l’œil. Les artisans avec lequels nous travaillions étaient pour la plupart artistes également. Bien sûr, il y avait d’autres enjeux que l’aspect artistique : les cahiers des charges étaient très complets concernant les techniques à utiliser, la pigmentation, la colorimétrie…
Peu à peu, je me suis concentrée sur la dimension artistique. J’ai commencé par mettre de côté la partie gestion de chantier en fermant cette société. A l’occasion d’un weekend, je pars à Oslo visiter le musée Munch pour voir le fameux Cri. Aussi excitée que par la découverte de la Joconde, je me trouve face au tableau, et là… Je m’attendais à ressentir un tout autre sentiment. Je m'attendais à un tableau plus grand, plus impressionnant, plus saisissant. Je m’intéresse quand même à ce que le musée peut m’apprendre sur le tableau en scannant le QR code. J'atterris sur la page explicative de l’œuvre, extrêmement bien construite, et découvre tout du peintre, de son univers, du contexte personnel de la création de l’œuvre, du contexte historique, du tournant de l’histoire de l’art dans lequel elle s’insère… J’avais l’impression de dialoguer avec le peintre, et d’écouter son histoire qu’il me racontait lui-même. Grâce à cette grille de lecture, mon expérience s'est transformée.
Après ce weekend, je retourne en Espagne et échange avec une amie Ayoko, aujourd’hui mon associée : la dimension humaine que m’a apportée le musée a totalement changé mon expérience, et combien elle me semble importante dans notre rapport à l’art. Elle s’est retrouvée face aux mêmes problématiques de relations humaines dans le domaine de l’art. Le concept de l’entreprise était né. Nous souhaitions remettre au centre des échanges l'Homme et accompagner de futurs acquéreurs ou collectionneurs dans leur démarche.
2) Que vous a apporté le double diplôme Audencia-Mines de Douai ?
J’ai vu dans ce double diplôme deux lectures totalement différentes du monde, et pourtant tellement complémentaires.
Mes études d’ingénieur m’ont appris à étudier une situation d'un point de vue technique, à y répondre sous forme de cahier des charges et de gestion de projet. Les solutions sont structurées et rationnelles.
Lorsque j’ai intégré Audencia, j’ai découvert tout ce qui entourait un projet technique. Un nouveau monde, très peu abordé jusqu’à présent en école d’ingénieur : le monde de la finance, du marketing, de la vente. J’y ai appris à déstructurer ma pensée, à la considérer à bien plus grande échelle, à y intégrer de nouveaux paramètres.
De façon générale, cette formation conjointe a mis à ma disposition une boîte à outils pour une compréhension globale. J’en ai retiré cette capacité à apprendre, en permanence, à trouver des ressources, à vérifier mes sources, à en trouver de nouvelles, à chercher sans cesse à renouveler mon analyse, une appétence à comprendre, une flexibilité.
Elles m’ont transmis le goût de la curiosité et de l’audace. Tout a une solution, il suffit de la trouver.
3) Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ?
L’humain ?. Nous sommes une société de conseil. Nous apportons donc une réponse sur-mesure à chaque personne. Nous recevons et gérons des demandes très différentes, et comme l’art fait appel à l’émotion, ces demandes nécessitent souvent d’être décryptées. Il nous arrive par exemple très fréquemment d’être contactées par des sociétés sur des thématiques fiscales ou par des particuliers pour de l’investissement. Mais systématiquement, à un moment donné, le cœur reprend sa place et le financier se complète de l’émotion. Je trouve cette double lecture passionnante. La rationalité versus le plaisir. La raison versus l’identité personnelle.
L’humain est l’élément central de notre travail : avec nos clients, les artistes avec qui nous collaborons, nos partenaires, nos prescripteurs… L’essence même de MUSY réside dans la possibilité de matérialiser le croisement des univers d’artistes avec les envies de chacun. C’est passionnant ! Le processus artistique devient une expérience, une démarche qui nous fait vibrer.
4) Si vous étiez un tableau, quel serait-il ?
Quelle question complexe quand on est passionnée d'art ! Cela impliquerait de choisir entre l’art classique et l’art moderne ou contemporain, de rentrer dans une case et d’être une seule œuvre…
J’ai souvent eu du mal à choisir, et donc à renoncer. Depuis que j’ai intégré Audencia, j’ai été slasheuse. Deux vies, deux métiers, des études en parallèle, plus de richesses !
Si je poussais un peu cette question, je dirais que la notion de choix est primordiale. C’est le fondamental de la liberté à mes yeux. Après réflexion, je ne serais pas un tableau, mais plutôt une performance, ou une structure d’art éphémère. Je préférerais être une œuvre en constante évolution, en transformation permanente, au gré de mon créateur ou de mon environnement, réinterprétable à l’infini, renouvelant sans cesse son existence.
5) Quel est votre meilleur souvenir à l'Ecole ?
J’ai deux souvenirs qui m’ont particulièrement marquée :
1) Celui de l'entretien d’admission à l’Ecole.
Plus qu’un entretien, c’était un moment de dialogue et d’échange avec l’interviewer. J'ai trouvé agréable d’être considérée comme une professionnelle en puissance et non pas pour une simple élève. C'est là que j’ai pressenti que j’allais apprendre beaucoup en intégrant Audencia, que j’allais devoir aller plus loin dans l’articulation de ma pensée, mes opinions et mon processus de décision. Dès le départ, l’Ecole s’est positionnée comme la dernière ligne droite avant le monde professionnel, bien plus que comme une formation académique.
2) Celui de mon acceptation à Berkeley.
C’était avant tout un objectif personnel tant Berkeley me semblait la destination la plus prestigieuse des summers schools proposées à l’époque. C’est donc là-bas que je devais aller, point. Entre les notes générales et le niveau d’anglais, j’ai fait en sorte que mon dossier soit à la hauteur pour partir. C’était ma victoire personnelle que de pouvoir y aller.
En effet, je savais que je serais entrepreneuse. Je travaillais d’ailleurs, à l’époque, à aider un membre de ma famille dans le développement de sa société. J’ai même dû faire un aller-retour San Francisco – Madrid sur 4 jours car nous avions gagné une compétition organisée par Siemens.
San Francisco représentait l’El Dorado des entrepreneurs. Je souhaitais découvrir cet environnement, la mentalité associée et m’en nourrir. C’est en effet un positionnement très différent de l’Europe. J’y ai beaucoup appris, notamment une façon d’appréhender les challenges que je gère au quotidien.