Un homme de presse qui a innové et multiplié les créations !

  • Keep In Touch
  • Le 1 janvier 2012
Nom: Cyrille Duval
Fonction actuelle: Président-directeur général Le Point
Dipôme Audencia: GE 69
Nationalité: Française 

 
Ce n’est plus une carrière, c’est une page d’histoire ! Brillant économiste de la presse, Cyrille Duval aura accompagné toutes les grandes mutations sociales et sociétales de ces quarante dernières années. Acteur d’une aventure médiatique hors du commun, l’actuel P.-D.G. du Point aura surtout permis à des hommes de conviction d’avoir une tribune à la mesure de leurs idées. En cela, il est l’artisan discret mais essentiel de l’exercice démocratique.


La presse va mal. Les journaux sont en danger. La démocratie est menacée. Oui. Et non. Oui, parce que, c’est vrai, l’économie de la presse, fondée pour partie sur les ventes au numéro et les recettes publicitaires, a été éreintée par l’essor de la gratuité, la percée du digital et les changements de comportements des lecteurs. Non, parce que comme l’a prouvé Cyrille Duval récemment au Point, et avant cela au Figaro, des réponses existent. La première a un nom très simple à retenir. Il s’agit de la qualité. La deuxième n’est pas plus mystérieuse : elle se fonde sur la connaissance fine de son lectorat. La troisième, enfin, repose sur la créativité et l’inventivité. Mais ne vous y trompez pas, ce triptyque au faux air de Candide est probablement l’une des choses les plus difficiles à atteindre et à associer pour un patron de presse.

Pour y parvenir, il faut que les hommes qui occupent les postes clés – à savoir le rédacteur en chef, le directeur général et les équipes qu’ils animent – soient visionnaires, professionnels jusqu’à la déraison, et unis. C’est pour cela que Cyrille Duval, avant de travailler pour des journaux, a toujours travaillé pour et avec des hommes : “Ma carrière a été marquée par trois hommes d’exception. Le premier s’appelait Robert Hersant, le deuxième François Pinault et le troisième Franz-Olivier Giesbert.” Sacrée galerie !

Comment en est-il arrivé à être à tu et à toi avec ces trois monstres sacrés ? Petit retour en arrière : “En sortant d’Audencia, passionné d’automobile, je suis entré comme chef de publicité chez Fiat Automobile France. Ce n’était pas le bon choix. J’avais la passion de l’automobile, pas de l’industrie automobile.” La nuance – de taille – le fait changer de braquet et l’oriente vers le service publicité du Figaro. Il restera trente ans dans cette entreprise. “J’ai évolué tous les deux ans. Quand Robert Hersant a racheté le titre, je suis devenu le patron de toute la publicité avant d’être nommé président de la régie publicitaire Publiprint, régie du Groupe Hersant qui, en plus du Figaro, comportait près de 40 titres.”

La progression se poursuit, inexorable. Il devient directeur du Figaro, puis de la Socpresse, la holding du groupe Hersant. “On a innové, tout le temps. On a d’abord rajeuni le journal, qui était vieillissant. Et ensuite on a multiplié les créations : Le Figaro Économie, Le Figaroscope, Le Figaro magazine, Madame Figaro, des suppléments chaque année pour investir tous les marchés.” Le Figaro est transformé. Et, avec lui, toute l’économie de la presse française qui change peu à peu de modèle. L’artisan de cette révolution copernicienne aura toujours bénéficié du soutien du “papivore” – le succès n’aurait pas été possible autrement – et son décès, le 21 avril 1996, met un coup d’arrêt à cette aventure de trente ans. “Quand Robert Hersant est mort et que Serge Dassault a racheté le Groupe, j’ai réalisé mes actions et je suis parti.”

Il rencontre alors François Pinault, propriétaire du Point, qui l’appelle au chevet de l’hebdo. Ce dernier a une immense réputation mais un équilibre financier précaire. Les lettres de créance acquises au Figaro le qualifient mieux que quiconque pour redresser le titre. Quarante-huit heures de réflexion et action : “J’ai retrouvé Franz-Olivier Giesbert, que j’avais côtoyé pendant quinze ans au Figaro.” Les deux hommes s’estiment – euphémisme énorme ! – et connaissent la valeur d’un bon diumvirat. Ils se mettent au travail. Les ventes du Point passent de 300 à 400 000 en dix ans, à rebours de la majorité des autres journaux, qui perdent du lectorat, l’inscription dans le digital – qui progresse très vite – n’érode pas l’édition papier. Le pari est gagné. “Franz-Olivier Giesbert est le seul patron de presse à appeler un lecteur un “client”. On a fait un produit qui correspond au client.” Ça a l’air si simple…
En savoir plus sur ...
Dans la même catégorie
Autres actualités