Un vice-champion du monde 2010 en Match Racing qui ne déroge pas à ses convictions.
- Keep In Touch
- Le 1 janvier 2012
Fonction actuelle : Directeur opérationnel de North Sails.
Diplôme Audencia: GE 96
Nationalité : Française
Il me semble que nous avons une responsabilité. Les diplômés qui sortent d’Audencia font partie des 3 % à qui il sera donné d’aller sur des postes importants, dans des entreprises de renom ou dans des PME. Cette possibilité donne des responsabilités. Si des gens comme nous abdiquons nos rêves, mettons en berne nos passions, laissons nos convictions – quelles qu’elles soient – se dissoudre, cela risque de poser un problème.” Plaidoyer pro domo ? Absolument pas.
Certes, Audencia Nantes – et son début de carrière chez Decathlon – ont bien permis le maintien opérationnel de ses capacités à naviguer. Bien sûr, sa position actuelle chez North Sails le met en permanence au contact des réalités d’une PME et lui impose, ce faisant, de grandes responsabilités vis-à-vis de la cinquantaine de salariés de l’entreprise. Mais ses paroles ne peuvent pas être entendues au travers du seul prisme de l’expérience personnelle. Non. Le directeur opérationnel de North Sails tient en réserve une approche beaucoup plus étendue et profonde : “Le fait de ne pas lâcher ce qui nous fait vibrer permet de comprendre le sens des décisions que l’on aura à prendre. Et dans la solitude du dirigeant, de celui qui a à décider, c’est parfois la dernière chose qu’il nous reste. Nos convictions.”
Et des convictions, Greg Evrard en a. “La loyauté par rapport à sa propre carrière et son éthique impose des choix. Ces choix peuvent parfois paraître risqués, voire dangereux pour l’entreprise ou pour votre propre carrière. Mais tant qu’ils ont du sens, tant qu’ils permettent de rester en phase avec vos convictions profondes, il est essentiel de savoir les faire. Ce sont eux qui vous permettront de gagner le respect des autres, mais aussi de vous-même.” Comment maintient-on intact ce sens de la justice après vingt années de carrière ? Il nous faut peut-être retourner dans les années 90 pour le savoir.
1993. Greg Evrard sort de prépa HEC voie générale pour passer le concours d’Audencia Nantes, une école qui l’attire. Diplôme en 96 – majeure contrôle de gestion pour disposer d’outils concrets –, service militaire, puis retour chez Audencia pour reprendre des études en master Management du sport, et enfin prise de poste chez Decathlon, à la direction Ouest : “Dès mon embauche, j’ai été confronté au passage aux 35 heures et à l’arrivée de l’euro, que j’ai contribué à gérer au sein d’une direction administrative et financière. Très vite, j’ai été en charge d’une équipe, avec la responsabilité du recrutement et du management. Une période intense et riche.” Qui se double, sur le plan sportif, d’un saut dans l’élite mondiale. “De 1999 à 2004, j’ai gagné deux tours de France à la voile et je suis entré dans les cinq premiers mondiaux en Match Racing.”
Decathlon lui ouvre grand les portes du sommet – poste au sein de la direction générale de la distribution, à Lyon – mais le met, ce faisant, devant un dilemme : le sport ou la carrière ? “Je ne réfléchis pas en termes d’obligation de choix. Le côté ‘c’est ça ou c’est ça’, je ne supporte pas bien. Si on a une passion, on ne l’abandonne pas. On l’aménage.” Greg Evrard fait la navette entre Lyon et l’Ouest, où sont basées ses équipes. Le “ou” s’efface au profit du “et”.
2004, nouvelle proposition de Decathlon. Au même moment, North Sails, leader dans le domaine de la voilerie, lui “offre” la direction du site de production France. Entre le géant nordiste et la PME de Vannes, le combat est inégal… mais tourne à l’avantage de la seconde : “Il y avait la dimension géographique, bien sûr, mais surtout l’envie d’intervenir plus stratégiquement dans une structure petite, mais internationale.” Il devient directeur adjoint. Le chiffre d’affaires double entre 2005 et 2011. Mais là n’est pas l’essentiel. “Ma plus grande fierté, pour le moment, c’est d’avoir tenu bon en 2009, pendant la grosse année de crise, y compris face aux dirigeants du groupe. J’ai pris l’engagement de ne pas perdre d’argent, tout en refusant de réduire les effectifs. J’y suis parvenu même si cela a dû parfois se faire au détriment d’intérêts financiers personnels.”
Est-il besoin d’ajouter quelque chose ? Le vice-champion du monde 2010 en Match Racing n’a aucune idée de l’endroit où il sera dans vingt ans : “Ce serait triste, non ?” En revanche, ce qu’il espère est clair : “Ne pas avoir dérogé à mes convictions.” CQFD ?
En savoir plus sur ...
Dans la même catégorie
-
Aider les entreprises à se transformer
Nom: Erik Campanini Fonction actuelle: Associé du cabinet BearingPoint, en charge de l’activité conseil marketing, vente et service clients pour la France et responsable de l’offre de conseil digital au niveau monde. Diplôme Audencia: GE 96 Nationalité: Française Résidence: Le conseil. Un univers composite passionnant… et déterminant. À l’heure du changement de paradigme sociétal et économique, au moment où la rapidité des échanges entre les individus – et entre les individus et les marques – n’a jamais été aussi élevée, le conseil apparaît comme l’interface décisive pour préparer et prévoir, et augmenter, demain, sa capacité d’action. Erik Campanini, associé chez BearingPoint, arme les entreprises pour leur permettre de maîtriser leur destin. Un pied ici, l’autre dans le futur. Le monde bouge ? Non, il mute. Et à toute vitesse. Comprendre ce qui est à l’oeuvre aujourd’hui n’est pas une mince affaire. Séparer le bon grain de l’ivraie, déterminer ce qui relève de la tendance de fond et ce qui tient de la mode, dissocier les voies de garage darwiniennes des grandes évolutions systémiques est pourtant vital pour les entreprises. Problème : la complexité de ce qui se joue en ce moment, couplée aux pressions du court terme des dirigeants, freine, gêne ou empêche cette analyse. Au risque de propulser les organisations, mal préparées et donc fragilisées, dans un monde nouveau. Au péril, dans le pire des cas, d’en voir certaines disparaître. Solution : faire appel à quelqu’un du calibre d’Erik Campanini. Son métier, simplifié à outrance : aider les entreprises à se transformer pour affronter le maelström. Principalement dans le domaine du digital. Ses outils pour atteindre cet objectif ? Un bagage académique solide et vingt années d’expérience. “En sortant d’Audencia, en 1996, j’ai été faire mes classes dans une petite SSII – Micropole / Univers Informatique –, dans laquelle j’étais responsable de la relation commerciale avec des grands comptes internationaux. Durant cette période, j’ai également été amené à développer des partenariats qui m’ont mis au contact d’Arthur Andersen.” Il rejoint le prestigieux cabinet au début du siècle, enchaîne les missions et devient un spécialiste reconnu dans le domaine de la relation client digital et l’impact des nouvelles technologies dans la transformation des entreprises. À 35 ans, il est le plus jeune consultant à entrer au comité de direction. Il est associé du cabinet qui a changé de nom et qui s’appelle désormais BearingPoint. “Les mutations de ces vingt dernières années ont profondément modifié la manière de piloter une société. Dans le domaine du conseil, nous avons été très sollicités pour accompagner ces changements. Nous avons travaillé sur l’optimisation des process – à l’aune de ce que permettaient les nouvelles technologies –, nous avons rationalisé... Mais demain, la priorité sera sûrement de pouvoir offrir aux organisations, aux hommes et aux femmes qui les animent, plus de souplesse et d’agilité.” Pour suivre ce mouvement, il étoffe ses compétences par des cycles de formation ultra-pointus orientés sur l’humain. “Je suis certifié Coaching and Team Building, Programmation Neurolinguistique et formé à la Process Communication.” La révolution est déjà en marche. Erik Campanini fourbit ses armes : “Nous devrons proposer des solutions innovantes pour permettre aux gens de mieux travailler ensemble dans des organigrammes plus plats.” Un principe que le cabinet BearingPoint a déjà appliqué en interne. “La différence entre l’organisation de certaines entreprises que je suis amené à conseiller et la nôtre tient sans doute à la simplicité de nos processus de décision. En tant que membre du comité directeur, je peux décider très vite, dans le cas d’un rachat d’entreprise, par exemple.” La rapidité de prise de décision est un enjeu crucial. En interne, mais également dans le domaine de la relation clients, où le real time marketing pourrait bien devenir la norme. Le real time marketing ? Une action qui consiste à réagir immédiatement, et de manière pertinente, à un événement générateur de contact entre le client et la marque. “L’entreprise doit répondre au premier contact par une offre calibrée en fonction du profil, du contexte et du canal utilisé.” Un domaine où les entreprises françaises accusent encore un certain retard. Qu’Erik Campanini les aidera à combler ? Sans aucun doute !
- Keep In Touch
- Le 1 janv. 2012
-
La constitution d’une bonne équipe est la responsabilité première d’un dirigeant
Nom: Dominique Bamas Fonction actuelle: Directeur général de Manitou Diplôme Audencia: GE 82 Nationalité: Française Dominique Bamas aurait-il horreur de la ligne droite ? Sa carrière, en tout cas, ressemble au tracé du circuit de Monaco. Les virages en épingle à cheveux, les changements de pneumatiques par gros temps et un sens ardent du collectif et de la gagne ont fait du pilote un fin manoeuvrier courtisé par de nombreuses écuries. S’il fallait poursuivre dans la veine automobile, on pourrait dire que l’entame de carrière de Dominique Bamas s’est faite sur Formule 3000 et qu’il évolue désormais à bord d’une monoplace performante au sein de l’élite de la Formule 1. 1982. Dominique Bamas sort d’Audencia Nantes après une majeure en finance et s’oriente assez logiquement vers un diplôme d’expert-comptable. Diplôme qui lui offre une très belle première montée en gamme. L’Ordre lui décerne le prix du meilleur mémoire d’expertise comptable, publie ses travaux et lui ouvre des perspectives de carrière intéressantes. “J’avais 28 ans et j’évoluais alors au sein du cabinet PW. J’y ai passé quatre années... avant de racheter mon propre cabinet.” Cabinet qu’il fusionne bientôt avec une autre institution de la place nantaise. Le nouvel ensemble comprend sept associés et cinquante collaborateurs. L’accès à la notabilité, des revenus importants auraient tôt fait de canaliser toute autre trajectoire que la sienne et de fixer un homme à son destin. Oui, mais voilà, Dominique Bamas rêve d’autre chose : “Six ans plus tard, je me suis dit qu’il serait intéressant pour moi d’élargir un peu mon horizon, d’aborder des sujets plus internationaux.” Deuxième changement d’écurie. Le groupe Roullier, basé à Saint-Malo, est un des leaders français dans le domaine de la nutrition des plantes et des animaux. Il y fait son entrée. Il y restera dix-sept ans, occupant tous les postes à responsabilité : directeur financier de filiale, directeur de la consolidation, directeur financier du groupe, membre du Comex. Il part en Espagne s’occuper des activités du groupe, rentre en France et prend la présidence de la division Chimie. Les résultats obtenus dans le développement des segments matières premières, nutrition animale, plasturgie et activités minières, en France comme à l’international, le mettent sur le podium. Et en situation désormais d’être chassé par de gros poissons. Sa force ? Leadership, passion du management, sens du collectif, modestie : “Je me suis toujours entouré de gens meilleurs que moi. La constitution d’une bonne équipe est la responsabilité première d’un dirigeant. Il ne faut jamais craindre de vous associer à des gens qui vous sont supérieurs, cela permet de pouvoir déléguer, d’avoir de bons conseils et de bonnes recommandations. Et naturellement, cela vous fait progresser.” Cette intelligence et cette humilité n’échappent pas au groupe Axéréal, qui l’appelle en 2008 : “Axéréal est la première coopérative céréalière de l’Hexagone. Elle venait juste de naître de la fusion de deux groupes leaders, que je devais unifier.” La quatrième écurie du pilote n’est pas une maison simple à conduire. Le mode de gouvernance peut tourner au casse-tête : “Le conseil d’administration fonctionnait sur un mode paritaire avec deux groupes de neuf administrateurs qui disposaient des mêmes pouvoirs.” En cas de consensus, les choses avancent. Dans le cas contraire, c’est la panne sèche. Dominique Bamas s’aperçoit qu’il n’aura pas les coudées franches pour mener son projet à bien. L’aventure coopérative s’arrête. Administrateur indépendant du groupe Manitou depuis 2009, il en devient le directeur général dans un rôle de management en transition en 2013. Ce circuit-là ne sera pas simple à négocier non plus, il le sait d’emblée. “Le management de transition est une expérience assez complexe puisque vous avez l’obligation de jongler entre les affaires courantes et les projets structurants pour l’avenir, projets dont vous savez que vous ne les porterez pas jusqu’au bout. C’est un poids et des responsabilités supplémentaires.” Travailler d’arrache-pied pour des résultats qui seront portés au crédit d’une autre équipe ? L’humilité de Dominique Bamas l’empêche, semble-t-il, de s’embarrasser de tels calculs. Il continue à négocier ses virages. Avec brio.
- Keep In Touch
- Le 1 janv. 2012
Autres actualités
-
Aider les entreprises à se transformer
Nom: Erik Campanini Fonction actuelle: Associé du cabinet BearingPoint, en charge de l’activité conseil marketing, vente et service clients pour la France et responsable de l’offre de conseil digital au niveau monde. Diplôme Audencia: GE 96 Nationalité: Française Résidence: Le conseil. Un univers composite passionnant… et déterminant. À l’heure du changement de paradigme sociétal et économique, au moment où la rapidité des échanges entre les individus – et entre les individus et les marques – n’a jamais été aussi élevée, le conseil apparaît comme l’interface décisive pour préparer et prévoir, et augmenter, demain, sa capacité d’action. Erik Campanini, associé chez BearingPoint, arme les entreprises pour leur permettre de maîtriser leur destin. Un pied ici, l’autre dans le futur. Le monde bouge ? Non, il mute. Et à toute vitesse. Comprendre ce qui est à l’oeuvre aujourd’hui n’est pas une mince affaire. Séparer le bon grain de l’ivraie, déterminer ce qui relève de la tendance de fond et ce qui tient de la mode, dissocier les voies de garage darwiniennes des grandes évolutions systémiques est pourtant vital pour les entreprises. Problème : la complexité de ce qui se joue en ce moment, couplée aux pressions du court terme des dirigeants, freine, gêne ou empêche cette analyse. Au risque de propulser les organisations, mal préparées et donc fragilisées, dans un monde nouveau. Au péril, dans le pire des cas, d’en voir certaines disparaître. Solution : faire appel à quelqu’un du calibre d’Erik Campanini. Son métier, simplifié à outrance : aider les entreprises à se transformer pour affronter le maelström. Principalement dans le domaine du digital. Ses outils pour atteindre cet objectif ? Un bagage académique solide et vingt années d’expérience. “En sortant d’Audencia, en 1996, j’ai été faire mes classes dans une petite SSII – Micropole / Univers Informatique –, dans laquelle j’étais responsable de la relation commerciale avec des grands comptes internationaux. Durant cette période, j’ai également été amené à développer des partenariats qui m’ont mis au contact d’Arthur Andersen.” Il rejoint le prestigieux cabinet au début du siècle, enchaîne les missions et devient un spécialiste reconnu dans le domaine de la relation client digital et l’impact des nouvelles technologies dans la transformation des entreprises. À 35 ans, il est le plus jeune consultant à entrer au comité de direction. Il est associé du cabinet qui a changé de nom et qui s’appelle désormais BearingPoint. “Les mutations de ces vingt dernières années ont profondément modifié la manière de piloter une société. Dans le domaine du conseil, nous avons été très sollicités pour accompagner ces changements. Nous avons travaillé sur l’optimisation des process – à l’aune de ce que permettaient les nouvelles technologies –, nous avons rationalisé... Mais demain, la priorité sera sûrement de pouvoir offrir aux organisations, aux hommes et aux femmes qui les animent, plus de souplesse et d’agilité.” Pour suivre ce mouvement, il étoffe ses compétences par des cycles de formation ultra-pointus orientés sur l’humain. “Je suis certifié Coaching and Team Building, Programmation Neurolinguistique et formé à la Process Communication.” La révolution est déjà en marche. Erik Campanini fourbit ses armes : “Nous devrons proposer des solutions innovantes pour permettre aux gens de mieux travailler ensemble dans des organigrammes plus plats.” Un principe que le cabinet BearingPoint a déjà appliqué en interne. “La différence entre l’organisation de certaines entreprises que je suis amené à conseiller et la nôtre tient sans doute à la simplicité de nos processus de décision. En tant que membre du comité directeur, je peux décider très vite, dans le cas d’un rachat d’entreprise, par exemple.” La rapidité de prise de décision est un enjeu crucial. En interne, mais également dans le domaine de la relation clients, où le real time marketing pourrait bien devenir la norme. Le real time marketing ? Une action qui consiste à réagir immédiatement, et de manière pertinente, à un événement générateur de contact entre le client et la marque. “L’entreprise doit répondre au premier contact par une offre calibrée en fonction du profil, du contexte et du canal utilisé.” Un domaine où les entreprises françaises accusent encore un certain retard. Qu’Erik Campanini les aidera à combler ? Sans aucun doute !
- Keep In Touch
- Le 1 janv. 2012
-
La constitution d’une bonne équipe est la responsabilité première d’un dirigeant
Nom: Dominique Bamas Fonction actuelle: Directeur général de Manitou Diplôme Audencia: GE 82 Nationalité: Française Dominique Bamas aurait-il horreur de la ligne droite ? Sa carrière, en tout cas, ressemble au tracé du circuit de Monaco. Les virages en épingle à cheveux, les changements de pneumatiques par gros temps et un sens ardent du collectif et de la gagne ont fait du pilote un fin manoeuvrier courtisé par de nombreuses écuries. S’il fallait poursuivre dans la veine automobile, on pourrait dire que l’entame de carrière de Dominique Bamas s’est faite sur Formule 3000 et qu’il évolue désormais à bord d’une monoplace performante au sein de l’élite de la Formule 1. 1982. Dominique Bamas sort d’Audencia Nantes après une majeure en finance et s’oriente assez logiquement vers un diplôme d’expert-comptable. Diplôme qui lui offre une très belle première montée en gamme. L’Ordre lui décerne le prix du meilleur mémoire d’expertise comptable, publie ses travaux et lui ouvre des perspectives de carrière intéressantes. “J’avais 28 ans et j’évoluais alors au sein du cabinet PW. J’y ai passé quatre années... avant de racheter mon propre cabinet.” Cabinet qu’il fusionne bientôt avec une autre institution de la place nantaise. Le nouvel ensemble comprend sept associés et cinquante collaborateurs. L’accès à la notabilité, des revenus importants auraient tôt fait de canaliser toute autre trajectoire que la sienne et de fixer un homme à son destin. Oui, mais voilà, Dominique Bamas rêve d’autre chose : “Six ans plus tard, je me suis dit qu’il serait intéressant pour moi d’élargir un peu mon horizon, d’aborder des sujets plus internationaux.” Deuxième changement d’écurie. Le groupe Roullier, basé à Saint-Malo, est un des leaders français dans le domaine de la nutrition des plantes et des animaux. Il y fait son entrée. Il y restera dix-sept ans, occupant tous les postes à responsabilité : directeur financier de filiale, directeur de la consolidation, directeur financier du groupe, membre du Comex. Il part en Espagne s’occuper des activités du groupe, rentre en France et prend la présidence de la division Chimie. Les résultats obtenus dans le développement des segments matières premières, nutrition animale, plasturgie et activités minières, en France comme à l’international, le mettent sur le podium. Et en situation désormais d’être chassé par de gros poissons. Sa force ? Leadership, passion du management, sens du collectif, modestie : “Je me suis toujours entouré de gens meilleurs que moi. La constitution d’une bonne équipe est la responsabilité première d’un dirigeant. Il ne faut jamais craindre de vous associer à des gens qui vous sont supérieurs, cela permet de pouvoir déléguer, d’avoir de bons conseils et de bonnes recommandations. Et naturellement, cela vous fait progresser.” Cette intelligence et cette humilité n’échappent pas au groupe Axéréal, qui l’appelle en 2008 : “Axéréal est la première coopérative céréalière de l’Hexagone. Elle venait juste de naître de la fusion de deux groupes leaders, que je devais unifier.” La quatrième écurie du pilote n’est pas une maison simple à conduire. Le mode de gouvernance peut tourner au casse-tête : “Le conseil d’administration fonctionnait sur un mode paritaire avec deux groupes de neuf administrateurs qui disposaient des mêmes pouvoirs.” En cas de consensus, les choses avancent. Dans le cas contraire, c’est la panne sèche. Dominique Bamas s’aperçoit qu’il n’aura pas les coudées franches pour mener son projet à bien. L’aventure coopérative s’arrête. Administrateur indépendant du groupe Manitou depuis 2009, il en devient le directeur général dans un rôle de management en transition en 2013. Ce circuit-là ne sera pas simple à négocier non plus, il le sait d’emblée. “Le management de transition est une expérience assez complexe puisque vous avez l’obligation de jongler entre les affaires courantes et les projets structurants pour l’avenir, projets dont vous savez que vous ne les porterez pas jusqu’au bout. C’est un poids et des responsabilités supplémentaires.” Travailler d’arrache-pied pour des résultats qui seront portés au crédit d’une autre équipe ? L’humilité de Dominique Bamas l’empêche, semble-t-il, de s’embarrasser de tels calculs. Il continue à négocier ses virages. Avec brio.
- Keep In Touch
- Le 1 janv. 2012