Se préparer à la solitude du décideur
- Keep In Touch
- Le 6 février 2015
Fonction actuelle: Directeur général Europcar France.
Diplôme Audencia: GE 88
Nationalité : Française
Tout est question d’analyse, de conscience et de distance. Ce cocktail “pour diriger”, rehaussé d’une bonne pincée de vision stratégique et de charisme, est une alchimie subtile à atteindre. Bien dosés, ces ingrédients permettent à un dirigeant d’exercer convenablement son rôle ; à un directeur général de conduire le développement de l’entreprise dans le respect de l’intérêt général. Éric Dodin est un alchimiste. Non qu’il puisse changer le plomb en or, mais le désormais directeur général d’Europcar France semble avoir conduit toute sa carrière en ayant à l’esprit cette triple approche. Analyse. Conscience. Distance.
“Quand je suis sorti d’Audencia, le problème n’était pas tant de trouver un emploi que de bien choisir entre plusieurs possibilités. En ce qui me concerne, j’avais des opportunités dans l’assurance, le sport, le pétrole… Mon coeur penchait vers le sport. La raison m’a emmené chez Exxon Mobil.” L’analyse se révélera payante. Compagnie prestigieuse, par définition très internationale, la plus petite des Sept Soeurs offrira très vite à Éric Dodin une première approche de la décision. “J’ai rencontré des patrons très charismatiques qui m’ont fait confiance et donné des responsabilités. Ce premier job a été très valorisant.” La confiance acquise chez Exxon Mobil lui donne des ailes pour enchaîner les postes et faire croître sa courbe d’expériences.
En variant les plaisirs ! Il opte un moment pour le monde de la PME – Spies Hecker puis Standox – avec des fonctions de directeur France et directeur export puis prend en charge la direction de l’activité Business Travel chez Protravel. Et devient, début 2004, directeur de la business unit “Voyages d’affaires” chez Carlson Wagonlit Travel France. En 2007, il est nommé directeur des opérations Carglass France. Sa mission : concevoir une stratégie opérationnelle de croissance pour le groupe et mettre sur les rails une politique de développement durable volontaire.
“La RSE n’est pas un sujet ‘à côté’, on ne fait pas quelque chose en plus, on fait tout différemment. À mon sens, la responsabilité sociétale ne peut pas être considérée comme une obligation mais comme une opportunité. Elle améliore les modèles, permet de mobiliser ses collaborateurs sur des questions qui ne sont pas uniquement centrées sur la performance économique et génère par ailleurs un effet de souffle positif qui va au-delà de l’entreprise.” Science sans conscience… Éric Dodin s’implique fortement, crée la direction du développement responsable, et affirme avec force ses principes éthiques. Analyse. Conscience. Distance : “Lorsque j’ai été nommé directeur général d’Europcar France, début 2013, je ne m’étais pas préparé à la solitude du décideur. On m’avait prévenu, mais entre savoir et expérimenter, il y a un monde. Et ce ‘monde’ ne relève pas du challenge intellectuel – il y a des équipes qui vous aident, qui vous fournissent de la matière et qui vous sécurisent –, non, ce ‘monde’, c’est la solitude. C’est un parcours initiatique difficile. Il faut savoir être en distance par rapport aux sujets et aux événements.” Mais attention, ce travail de distanciation doit être compensé. Impossible en effet de concevoir cette prise de hauteur comme le seul axe permettant de trancher ou de diriger. “Je m’assure de pouvoir garder une fibre terrain vivace. Ce n’est pas toujours simple, mais si vous perdez cela, la fonction vous isole et vous coupe des réalités et ça, il faut absolument l’éviter.” La bonne distance. La conscience. Et l’analyse. Éric Dodin est bel et bien un alchimiste.
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- Le 13 févr. 2015
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